Changer de logiciel…

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Dimanche 23 juin, vers 20 heures, il m’a semblé entendre un « Ouf » de soulagement en provenance de l’UMP. Et pourtant, il n’y a pas de quoi pavoiser… Les observateurs me feront remarquer que le Lot-et-Garonne a un vote FN plutôt au-dessus de la moyenne nationale et qu’en 2011, le candidat du parti de Marine Le Pen s’était déjà qualifié pour le second tour face au PS dans le canton de Villeneuve-sur-Lot. Il n’empêche, personne ne peut contester la montée en puissance des Marinistes. Au point de leur prédire, certes dans un scrutin très particulier, la course en tête aux prochaines européennes.


Depuis quelques années, Marine Le Pen a adroitement réussi à banaliser son image, à faire oublier son nom pour ne faire valoir que son prénom. Et ça marche, décomplexant son électorat et réussissant à séduire durablement là où le père repoussait ou fédérait temporairement les déçus de tous bords.

En fait, le FN dispose aujourd’hui d’un véritable socle électoral et il promet le vrai changement en s’appuyant sur trois points :

un discours qui semble sincère, vrai et frais, bien loin de ceux des élites qui ne regardent le peuple qu’au travers de modèles statistiques et des sondages d’opinions ;
une certaine idée de la rénovation politique, portée par une nouvelle génération de candidats, dont beaucoup issus de la gauche ;
une volonté de renverser la table, encouragée par des Français gavés jusqu’au col par les affaires.

A gauche, on s’en indigne, mais il est clair que le fameux front républicain se fissure, ligne Maginot de la vie politique. Car le vote FN n’est plus honteux. Il séduit un électorat désormais pérenne, touchant tous les milieux sociaux. Et Marine Le Pen qui connaît son histoire se prend aujourd’hui pour Joffre à la bataille de la Marne : « Ma droite recule, ma gauche est menacée, mon centre est enfoncé. La situation est excellente : j’attaque. »

A droite, l’UMP, telle le canard à qui l’on a coupé la tête et qui tourne sur lui même dans la basse-cour, n’en finit pas de se chercher, à l’ombre d’un Sarkozy jamais vraiment parti, sans droit d’inventaire, sans remise en cause et, in fine, sans idées. Seuls Bruno Le Maire et Laurent Wauquiez, chacun dans leur style, recherchent le « logiciel » gagnant, la base programmatique qui parlera aux Français.

Car c’est bien sur le terrain des idées que la droite pourra reprendre du poil de la bête. Et pas en singeant le FN, les électeur préférant toujours l’original à la copie, fût-elle signée Buisson, du nom du très controversé inspirateur de la ligne décomplexée de l’UMP.

Si Marine Le Pen semble avoir gagné la bataille de l’image, allant même jusqu’à parler au nom de la France lors de sa récente visite en Russie, il suffit de quelques minutes pour comprendre que son projet est à mille lieux des réalités. Même s’il séduit en apportant un semblant de réponses faciles à une réelle désespérance des Français. Il appartient donc à la droite, comme à la gauche, de déplacer les termes du débat. De sortir des trop faciles anathèmes et d’avoir (enfin ?) le courage d’aller face à la vague bleue marine sur le terrain des idées et du projet. De façon calme, sans forfanterie, avec modestie, mais conviction. En fait, ce dont nous manquons le plus dans ce monde politique, c’est de convictions et d’un retour au peuple. Quitte à aller parfois à l’encontre de ses intérêts immédiats…

Billet d’humeur paru dans Tribune de Lyon le 27 juin 2013

Les Commentaires ( 1 )

  1. de jerome manin
    posté le 1 juil 2013

    « L’abstinence totale est plus facile que la parfaite modération. » Saint Augustin

      Répondre

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