Brèves de comptoir

Non, j’vous jure, c’est pas parce que je reviens des Halles où j’ai rencontré moultes amis, dont certains présidents, que j’ai pondu ce titre. Quoique. Le blanc de bourgogne y coulait à flot et les coquillages étaient frais chez Rousseau. Mais revenons au comptoir et à ses brèves ! On aurait pu en parler en bas de chez moi le matin autour d’un noir ou d’un blanc, c’est selon…

Martine Aubry organise sa conférence de presse de rentrée mercredi. La première secrétaire présentera les propositions du PS « pour répondre à la crise ». Ségolène Royal sera, elle, en déplacement aux Etats-Unis pour assister le même jour à l’investiture de Barack Obama. Cherchez l’erreur !

Faut-il dissoudre la SNCF ? Le blog de Jean-Yves Thréard, journaliste au Figaro, pose crûment la question qui tue ! En fait, si l’on regarde de plus près, les diverses agitations récentes de cette entreprise publique commerciale sont dues à l’affrontement CGT-Sud en cette période pré-électorale (les élections professionnelles auront lieu en mars). Sud revendiquant d’être le plus actif pour défendre les cheminots. Et la CGT, empêtrée dans son évolution vers un syndicat de négociation et de réforme, se laisse tondre la laine contestataire sur le dos, certaines de ses sections étant d’ores et déjà controllées par des militants pro-Sud. Et le polémiste de conclure : « C’est vrai que la loi de 2007 sur le dialogue social est loin d’avoir fait toutes ses preuves. Des avancées ont été constatées ici ou là. Mais elle n’est pas venue à bout de la vieille culture anarcho-syndicaliste de l’affrontement. L’extrême gauche en fait son miel, qui tient les services publics pour sa propriété privée. » Pendant ce temps, c’est le client (oups, l’usager comme on dit là bas) qui en fait les frais !

La carte de France est barrée d’une banderole « Grève ». L’Allemagne est traversée d’autoroutes, évoquant par leur disposition une croix gammée. Les Italiens apparaissent en joueurs de football obsédés, sodomisant leur ballon. En Pologne, des prêtres en soutane brandissent le drapeau arc-en-ciel symbole des homosexuels. Les Pays-Bas sont noyés sous les flots, d’où n’émergent que des minarets. Le Royaume-Uni n’est même pas représenté, présent sans l’être… Quant à la République tchèque, présidente en titre de l’Union, c’est un écran vidéo où défilent les commentaires les plus cinglants assénés par son très eurosceptique président, Vaclav Klaus.
L’œuvre, gigantesque canular concocté par le tchèque David Cerny, a pourtant été commandée par l’Union Européenne comme il est de tradition à chaque changement de présidence. C’est-à-dire tous les 6 mois.
Imaginez le scandale dans le monde feutré des diplomates et hauts fonctionnaires bruxellois. D’autant que l’œuvre occupe tout un mur de l’atrium du Conseil Européen.
Mais l’art est aussi fait pour interpeller, et pour faire réagir. D’ailleurs, les Tchèques avaient placé leur présidence de l’Union sous le slogan « L’Europe sans barrières » sont servis. Ce focus sur les idées reçues aura au moins le mérite d’ouvrir le débat sur le regard que nous portons sur les autres.
Autre débat, mais passé sous silence, comment les services achats de l’Union ont-ils pu se laisser berner ? D’autant que 27 artistes étaient prévus sur le bon de commande et que seulement un a travaillé ! Comme quoi, Cerny aurait pu ajouter un autre pays : la commission, disparaissant derrière des piles de paperasse.

Environ 20 % des députés viennent rarement à l’Assemblée Nationale. Voilà un titre du Monde qui fait mouche… (l’article ici). Olivier Costa, chargé de recherche au CNRS et à l’Institut d’études politiques de Bordeaux, analyse les raisons du faible investissement de certains députés à l’Assemblée nationale. Extraits.

Je ne parlerais pas de « députés fainéants » mais de députés absents, car il n’y a pas, à ma connaissance, de députés qui ne font rien. Il y a des élus qui ne sont pas investis dans leur mandat national. Celui-ci est alors dévoyé et devient par la force des choses un mandat local. Pour au moins trois quarts des élus, ce qui est important dans leur mandat, c’est ce qu’ils font dans leur circonscription : avoir un rôle de contact et de médiation avec leurs électeurs, régler des problèmes, trouver du travail, arranger des problèmes dans leurs relations avec l’administration, monter des projets, solliciter des fonds européens…
Il y a environ 20 % des députés qu’on voit très rarement à l’Assemblée nationale et environ 50 % qui sont assez peu investis dans les travaux, notamment des commissions. Lorsqu’on dit à un élu qu’on ne le voit pas beaucoup en séance plénière, il commencera toujours par invoquer le travail en commission. Mais il n’y a pas de liste de présence et personne ne sait qui fait quoi en commission. Enfin, il y a environ un quart des députés, sans doute ceux qui sont les plus « techniciens », qui vont réellement exercer leur travail parlementaire.

Cumul, affaiblissement du rôle des parlementaires, nécessité de se faire réélire, donc de privilégier la circonscription au détriment du législatif, les causes sont connues. A quoi sert un député ou un sénateur ? A faire l’assistante sociale où à légiférer ? Vaste débat auquel personne n’a encore trouvé de réponse.

L’entreprise change. L’attachement des salariés à leur boite aussi… L’association « Entreprise et Personnel » vient de rendre publique une note d’orientation basée sur les retours d’expériences de quelque 130 entreprises adhérentes. Elle explique que les entreprises sont face à « des refus catégoriques » pour les candidats de devenir cadres. Les entreprises très traditionnelles, « comme l’assurance ou l’automobile où tout reposait sur un principe de progression vers le management » connaissent une démotivation des aspirants cadres.
« Les managers potentiels se disent : pourquoi voulez-vous que je m’embête, pourquoi prendre tous ces soucis alors qu’on ne va pas me donner les moyens de les résoudre. Le gain n’est pas suffisant pour mettre en péril ma vie privée » précise au Figaro Sandra Enlart, directrice générale d’Entreprise&Personnel. Elle ajoute « Depuis plusieurs années, il émerge une exigence très claire pour l’équilibre de vie. Ce n’est pas que les gens ne veulent plus travailler, cependant les cadres ne sont plus prêts à renoncer à leur vie privée. Or les horaires sont lourds et les managers sont de moins en moins prêts à se sacrifier pour leur emploi, surtout qu’ils ne sont pas énormément payés pour le faire. »
« Être manager opérationnel de premier niveau est devenu un concept flou, trop complexe et finalement de moins en moins valorisé », selon la note. « Les jeunes générations au travail accordent une grande importance aux liens et aux relations au sein de l’équipe. Aujourd’hui, on ne dit pas : je reste pour une boîte, mais pour mon équipe et mon manager ».
Cela fait maintenant 20 ans que je travaille dans le domaine de la communication interne et des relations sociales. 20 ans que nous dressons, au sein de ma Maison de communication, le même constat : il est temps de replacer l’homme au centre de l’entreprise. Le débat est enfin sur la place publique. Il est encore temps…

Michel Houellebecq avait écrit « La possibilité d’une île », le gouvernement australien nous l’offre… Il propose un CDD de six mois, payé 78 000 euros, sur l’île d’Hamilton, un paradis niché au cœur de la barrière de corail. Le salarié retenu disposera d’une villa de trois chambres avec piscine et golf, et pourra explorer à son rythme les fonds sous -marins et les plages de sable blanc. Il existe bien quelques maigres obligations à la charge de l’heureux élu mais elles ne devraient pas trop l’effrayer : il s’agira d’alimenter chaque semaine un blog avec photos et vidéos, d’effectuer des « menus travaux » et parler de temps en temps aux médias de ce qui se passe sur l’île.
Envie de partir ? Cliquez ici pour vous inscrire ! Candidats pas sérieux s’abstenir… Au fait, le job démarre le 1er juin. Si vous êtes retenu, pensez à nous écrire.