Pourquoi faire ?

5471047557_4dc13f5376_nUne partie de la France est entrée en pamoison la semaine dernière. « The boss is back » gazouillait twitter. Les Français avaient déjà oublié que l’on pouvait faire de la politique autrement, avec cette énergie bien loin du désespoir. Le Figaro nous révèle d’ailleurs ce week-end que Nicolas Sarkozy remonte fortement chez les sympathisants de l’UMP (+10% à 80% d’opinions positives) depuis qu’il a laissé entendre qu’il pourrait assumer son leadership. Mais pourquoi faire ?

 

Au delà du fan club, des Morano et autres snippers de bas étage, la droite est à un tournant. Sera-t-elle conservatrice ou réformatrice ? Sera-t-elle celle qui ose, qui va de l’avant, qui entraine le pays dans une large refondation ou sera-t-elle celle qui s’oppose à tout, refuge des populistes et des fans de Patrick Buisson, âme damnée de la dernière présidentielle ? Mystère ! Car Sarkozy est capable de tout, du pire comme du meilleur. Lyon va fêter dans les jours qui viennent l’anniversaire du dernier discours de Jaurès, c’était dans le 9e arrondissement, à Vaise. Jaurès qui disait « Le pouvoir se mesure à l’audace ». Or s’il est un homme politique en France qui déborde d’audace, c’est bien Sarkozy. Mais au service de quelle ambition ? Pourquoi faire ?

L’UMP est un champs de ruines, notamment idéologique, et l’UDI un bébé qui fait ses premières dents. La refondation est donc urgente.
J’écrivais dans mon dernier billet pour Tribune de Lyon que si « la gauche peut mourir » (comme l’affirme Manuel Valls), la droite n’en est pas loin. Coincée entre le retour de l’homme providentiel, les ambitions d’une génération et les affaires. Seulement 8% des Français ont aujourd’hui confiance dans les partis politiques, machins engoncés dans des habits mités et qui n’ont su évoluer avec le temps. A l’heure de la décentralisation, d’une mondialisation qui effraie, des réseaux sociaux, de l’information en continu, les partis ont adopté les codes du zapping, privilégiant la forme au fond, les hurlements au débat. Et n’offrant, in fine, que l’image d’un corps sans tête et souvent sans colonne vertébrale.

L’enjeu est donc bien là. Les Français aiment la politique, mais les hommes politiques aiment-ils toujours la politique ? La vraie, celle des idées et des idéaux. Il est parfois permis d’en douter.

 

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Lorsqu’un bateau prend l’eau de toute part, le premier réflexe est de chercher le sauveur, celui qui saura, par son autorité, sa densité, son savoir-faire, son énergie, rassurer, redonner confiance et remettre à flot le navire.
Indéniablement, pour nombre de Français, Sarkozy est de cette trempe. Il faut dire qu’il a su prouver sa capacité à diriger lors de fortes tempêtes. Et qu’en contrepoint, l’actuel chef de l’Etat fait bien pâle figure.

Mais il ne suffit pas d’avoir un chef, pourquoi faire ? La France est tellement au pied du mur qu’elle en creuse les soubassements. Notre dette explose 93,6% du PIB contre 77% en Allemagne, un taux de chômage de près de 10%, une croissance loin des 1% alors qu’outre Rhin elle est de 2,1%…
François Fillon a présenté il y a quelques jours une amorce de projet où nombre de tabous, comme les 35 heures ou l’ISF, sautent au profit d’une économie plus libérale, c’est-à-dire attachée à la liberté d’entreprendre.

Cette crise, économique, mais aussi politique, doit être pour la droite comme pour la gauche une opportunité pour l’action. La première d’entre elle étant idéologique. Toujours le « Pourquoi faire ? ».

La droite a besoin de (re)découvrir la vertu du débat d’idées, de l’innovation, de l’avenir. La course à droite prônée par certains, course à l’échalote teintée de nationalisme et de souverainisme derrière Marine Le Pen qui elle même se gauchise de plus en plus, revenant aux sources du national socialisme, est à mon sens illusion.

Entre le conservatisme et le socialisme, seul le courage de la réforme et de la refondation est aujourd’hui une urgence.

 

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Mais les hommes politiques sont-ils encore crédibles ? Pour nombre de Français, ils ont définitivement perdu la main face à la mondialisation et à l’Europe. L’exercice du pouvoir ne semble plus porteur d’effets réels, visibles sur le terrain. Le politique veut tout changer, mais rien ne semble changer. Comment alors passer du camps des diseurs à celui des faiseurs ?

Il va en falloir de l’audace, de l’énergie et du courage pour promettre « du sang et des larmes » et, élection faite, pour tenir le cap face à la rue. Là encore, Nicolas Sarkozy a le tempérament du chef, même si son quinquennat n’a pas été marqué par suffisamment de réformes de fond. A-t-il aujourd’hui la vision, le cap ? Quelle sera la France de demain ? Et comment sera gérée la nécessaire restructuration d’une France paralysée à la fois dans ses institutions, son fonctionnement administratif, son lien avec les entreprises et les entrepreneurs et son lien social ?

Autant de questions qui sont bien loin de l’actualité de la droite et du centre qui se cherchent un patron à grand renfort de moulinets avec les bras !

 

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