10 mai, la veillée des Outre-Mer

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Saint-Martin, Mayotte, Réunion, Wallis et Futuna, Guyane, Polynésie Française, Guadeloupe, Martinique… Des noms qui font rêver. Des territoires et îles de France qui comptent près de 3 millions d’habitants fêtées en Préfecture de région le 10 mai à l’occasion de la journée nationale de commémoration de l’esclavage.

« Avec l’Outre-Mer, la France est bien plus grande que la France ! » Plus qu’une exclamation, une vérité assénée par l’auteure guadeloupéenne Simone Schwarz-Bart lors de cette veillée. Et une chance pour la France, et pour la Francophonie, ainsi représentée sur les 5 continents, comme l’a souligné la ministre de l’Outre-Mer Marie-Luce Penchard dans son discours inaugural.

Le Préfet de la région Rhône-Alpes avait choisi une veillée qui, loin d’être funèbre, nous a fait partager quelques langues de France, au premier rang desquelles le créole.

Les écrivains et poètes Daniel Maximin (Guadeloupe), Ernest Pépin (Guadeloupe), Patrick Chamoiseau (Martinique), Lyonel Trouillot (Haïti), Eugène Nicole (St Pierre et Miquelon), le diseur d’histoires Joby Bernabé (Martinique) et Jomini, chanteur traditionnel de Guadeloupe aux mélopées savoureuses avaient fait le voyage pour partager des sons (et notamment l’étonnant Gwo Ka, joué par Yves Thôle), des danses, des textes, des chants, autour des deux figures « tutélaires » de la culture d’Outre-Mer, Césaire et Edouard Glissant.

Je ne résiste pas à partager avec vous ce poème d’Ernest Pépin, lu par l’auteur en ce soir du 10 mai…

DIS-LEUR…

Un oiseau passe

éclair de plumes

dans le courrier du crépuscule

Va, vole et dis leur

Dis-leur que tu viens d’un pays

formé dans une poignée de main

un pays simple comme bonjour

où les nuits chantent

pour conjurer la peur des lendemains

dis-leur

que nous sommes une bouchée

répartie sur sept îles

comme les sept couleurs de la semaine

mais que jamais ne vient

le dimanche de nous-mêmes

Va, vole et dis leur
Dis-leur que les marées

ouvrent la serrure de nos mémoires

que parfois le passé souffle

pour attiser nos flammes

car un peuple qui oublie

ne connaît plus la couleur des jours

il va comme un aveugle dans la nuit du présent

dis-leur que nous passons d’île en île

sur le pont du soleil

mais qu’il n’y aura jamais assez de lumière

pour éclairer

nos morts

dis-leur que nos mots vont de créole en créole

sur les épaules de la mer

mais qu’il n’y aura jamais assez de sel

pour brûler notre langue

Va, vole et dis leur

Dis-leur qu’à force d’aimer les hommes

nous avons appris à aimer l’arc-en-ciel

et surtout dis-leur

qu’il nous suffit d’avoir un pays à aimer

qu’il nous suffit d’avoir des contes à raconter

pour ne pas avoir peur de la nuit

qu’il nous suffit d’avoir un chant d’oiseau

pour ouvrir nos ailes d’hommes libres

Va, vole et dis leur

Les Commentaires ( 2 )

  1. de jérôme Manin
    posté le 12 mai 2011

    Dauber sur les colons pour servir un Collomb… On a connu l’intelligence sous de meilleurs hospices.

      Répondre

  2. posté le 13 mai 2011

    Il y avait peu (d’ex) colons et pas de Collomb du tout !

      Répondre

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