Pour sortir de la crise, le capitalisme

GRDBAvant que vous ne m’en parliez, j’ai profité d’un long voyage en TGV ce soir, direction Blois et mon client Cadbury, pour lire le dernier bouquin de mon entreprenant cousin Geoffroy. En marketeur avisé, il a choisi le titre qui accroche. On se souvient de « Salauds de patrons ! » en 2007, aujourd’hui, c’est « Pour sortir de la crise, le capitalisme. Mon plaidoyer en faveur d’une société entreprenante. » Tout est dit. Ou presque…

Le style a changé, plus dense, avec un soupçon de théorie économique façon manuel de cours ou doctorat appliqué. Bien que l’auteur, dès sa préface, s’en défende : « cet ouvrage n’est pas un manuel d’économie (…) les lecteurs érudits me pardonneront donc mes approximations et les imprécisions. » Figure de style lorsque l’on jauge de la pertinence du jeu théorie/pratique et, surtout, lorsque l’on sait que Guillaume Evin, journaliste talentueux de l’Expansion a trempé sa plume dans le même encrier que Geoffroy ! Une écriture à quatre mains revendiquée dans les remerciements, ce qui est plutôt rare. Comme quoi, et je l’écris pour certains de mes camarades fans d’Hamon (celui de la gauche du PS), on peut être capitaliste et honnête !

Mais rassurez-vous, le style « Geoffroy » y est. Simple, percutant, avec le sens de l’anecdote qui fait mouche. Il propose « un essai intuitif » du même style que ses interventions dans de nombreux médias.

Le propos est simple : réhabiliter le capitalisme. Mais pas n’importe lequel. L’auteur en distingue quatre, exemples à l’appui : le capitalisme guidé par l’Etat, le capitalisme oligarchique, à la tunisienne, où « une petite caste devient kleptomane », le capitalisme des grandes entreprises où la course au « gigantisme est bien souvent un substitut à l’imagination » et, enfin, last but not the least, le capitalisme d’entrepreneurs, celui « qui s’oppose au statut quo, au business as usual », qui prend et assume le risque et « s’inscrit dans la durée ».

Pour Geoffroy, c’est ce capitalisme entreprenant qu’il s’agit de défendre et de promouvoir.

Les cassandres rétorqueront que la France n’est pas un pays qui aime le risque, que les parents sont 70% à espérer que leurs rejetons deviendront fonctionnaires, que… Et pourtant, le succès des autoentrepreneurs est déjà en soi un démenti. Geoffroy va même jusqu’à affirmer que la vitalité des associations (+ 60 000 par an) témoigne que si « nous sommes insatisfait des structures existantes, nous bâtissons nos propres entités ». Un vrai réflexe d’entrepreneur. Reste qu’il faut que « le système le permette ». Car « on ne nait pas entrepreneur, on le devient ».

Au-delà des formules incantatoires, le livre dresse un panorama de la compétition, entre les USA qui imaginent, la Chine qui produit et l’Europe qui regarde, où achète (cf l’Iphone). Et si tout semble apparemment perdu, l’affaire n’est pas pour autant pliée.
Il s’agit même d’une obligation si nous voulons retrouver cet « escalier social », formule que Geoffroy préfère à l’ascenseur qui peut monter comme descendre à la cave. Un « escalier » mis à mal par toutes les politiques en France depuis 40 ans, provoquant le déclassement de nombreux français. Il suffit de comparer la proportion de « fils de » aux concours des grandes écoles depuis 30 ans. En la dégringolade des boursiers… Tony Blair, au début de son mandat, affirmait « ce qui m’intéresse, ce n’est pas de couper les barreaux du haut de l’échelle, mais c’est que tous les citoyens du pays puissent attraper le premier barreau. » Car quand l’élite produit l’élite, la consanguinité guette !

Je ne vous raconte pas la fin. Mais nul doute que ce livre risque de bousculer bien des idées reçues. S’il pouvait faire évoluer les mentalités, ce serait déjà pas mal. En attendant, je souhaite à Dominique, Nicolas, Martine et les autres de le lire et de comprendre que le salut ne viendra pas de plus d’Etat, mais de mieux d’Etat. Et ce mieux, c’est aussi de comprendre que les meilleures idées et initiatives émanent bien souvent du bas, c’est à dire des individus. Ceux qui justement peuvent encore entreprendre !

« Pour sortir de la crise, le capitalisme. Mon plaidoyer en faveur d’une société entreprenante », par Geoffroy Roux de Bézieux. Editions du Moment. 16,50 euros
Les droits d’auteur seront intégralement reversés à la Fondation Araok créée par Geoffroy, son épouse Sabine et leurs enfants.

Les Commentaires ( 7 )

  1. de Joel
    posté le 6 fév 2011

    Bon ben on va aller l’acheter. Erick, ça se termine bien j’espère ! ;-) )

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  2. de Le lecteur
    posté le 6 fév 2011

    SElon un sondage IFOP pour La Croix, les français sont les plus nombreux (33 %) à juger qu’il faut désormais abandonner le système capitaliste, contre… 3 % des Chinois, officiellement communistes. Les deux tiers de ces derniers (65 %) considèrent qu’il faut conserver ce système « qui fonctionne plutôt bien », soit la plus forte proportion de l’étude, contre 15 % des Français (la plus faible).
    L’enquête montre aussi à quel point le fossé se creuse entre les opinions des vieux pays industrialisés et celles des pays émergents, comme la Chine et le Brésil. Ce que ton cousin démontre aussi dans son livre…
    http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2453163&rubId=4077

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  3. posté le 7 fév 2011

    Bonjour Erick,

    Les initiatives individuelles sont toujours au coeur d’une dynamique intéressante mais ton cousin s’intéresse-t-il aux solutions pour faire cesser le jeu de dupes dans lequel l’Europe s’est enfermée du point de vue monétaire et l’incapacité inhérente à pouvoir peser significativement alors que nous sommes contraints par des règles totalement ahurissantes par l’OMC?

    Chacun aura noté avec intérêt que tant le FMI que l’OMC sont dirigés par des libéraux nourris à la vertueuse sociale démocratie … l’un est à l’origine des 35h quand l’autre a accompagné le plan de rigueur de Mauroy …

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  4. de Jérôme Manin
    posté le 7 fév 2011

    Dans la famille Adams, la Chose nous révèle le vrai visage du cousin Machin.
    C’est tentant de s’y plonger avant même l’essai tant attendu de célébration du Meudèle Yonnais par le frère N°1 en mars…

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  5. de fred
    posté le 13 mar 2011

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  6. posté le 13 mar 2011

    @ Fred. La mondialisation existe depuis… que le monde existe. Elle s’est simplement étendue au fil des explorations.
    Quant au capitalisme, lisez le livre…
    Merci d’avoir posté un commentaire

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  7. de kikoolol
    posté le 29 juin 2011

    Pour sortir de la mort… la mort…

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