Oui, et alors !

Merci JM de me rappeler dans un commentaire que je n’ai rien publié depuis 10 jours ! 10 jours sans clavier où presque. Pour me rattraper, je ne dirai rien de la conquête du FMI par Strauss-Kahn. Pas un mot non plus sur la poupée vaudou à l’effigie de Sarkozy, commercialisée sur internet avec son lot d’aiguilles. Muet comme une carpe je resterai à propos du père de l’enfant de Rachida Dati, démentant ainsi toute allégation par un silence non complice. Les mots me manqueront pour vous narrer le grand prix de tennis de Lyon et ses hordes d’amateurs de champagne Jacquard, préférant les bulles aux balles. Pas de crédit de mot également pour les deux nouveaux salariés (aux émoluments respectables) du cabinet du maire de Lyon, en remerciement de leurs gestes et postures des dernières élections. Non, ce soir, nous entrons de plain pied dans la crise. Joli mot, la crise !

C’est devenu LE sujet de conversation. « Alors, les affaires ? », question jetée le regard mouillé, style « rassure-moi ». A moins que votre interlocuteur, tel le raider moyen, n’envisage de vous racheter à la moindre faiblesse de chiffre d’affaires ou de ligne de crédit.
Il faut dire qu’au milieu de ce « bordel géant » (pardonnez-moi l’expression, mais elle est parlante), on a le choix entre faire le dos rond ou aller à la bataille.

Les financiers l’ont d’ailleurs bien compris. Suivant en cela Warren Buffet qui se sentait dans les années 70, alors que les marchés s’étaient effondrés, « comme un obsédé sexuel dans un harem » !
D’autres ont affirmé récemment être « comme un enfant dans un magasin de bonbons » tant il y avait de cibles « délabrées mais à fort potentiel. » De quoi rassurer nos amis (?) banquiers, tout en gardant à l’esprit ce bon conseil de Buffet (dont je rappelle qu’il a traversé les dernières crises avec panache, ayant largement anticipé celles-ci) : « N’investissez que dans les affaires qu’un idiot pourrait gérer, car tôt ou tard ce sera le cas. »
A propos d’idiot, parlons un peu de notre cher Président que d’aucuns persistaient à juger bien loin de l’homme d’Etat qu’il aurait du être. Ces « d’aucuns » doivent aujourd’hui se mordre la langue à la lecture des dernières enquêtes d’opinion, voire des commentaires des journalistes, voire de l’avis même des politiques.
Acteurs Publics, en partenariat avec Le Monde, a demandé à l’Ifop de faire un point sur l’état de l’opinion alors que la crise perdure et que ses effets à court ou moyen terme restent peu connus voire inconnus.
Que dit cette enquête…

Cette crise financière, de par son ampleur et sa dimension transnationale, s’avère très anxiogène pour les Français. Invitées à se prononcer sur leur niveau d’inquiétude face aux effets de la crise pour l’économie française, plus des trois-quarts des personnes interrogées (77%) se déclarent inquiets, un interviewé sur cinq se disant même très inquiet. Mesuré par l’Ifop depuis près d’un mois, l’intensité de cet indicateur ne faiblit pas. A la mi-septembre, après les premières baisses spectaculaires des marchés boursiers, l’inquiétude touchait déjà 81% des Français. Dans la première décade d’octobre, celle-ci avait en revanche légèrement reculé à 72% après la réunion du « G4 » et l’annonce d’objectifs visant à aider les banques
européennes. Aujourd’hui, l’anxiété demeure massive et, compte tenu de son importance, reste majoritaire dans tous les segments générationnels ou socioprofessionnels. Tout juste observe-t-on un niveau d’inquiétude plus élevé au sein des catégories d’âge intermédiaire (82% chez les personnes âgées de 35 à 49 ans), chez les commerçants (88% dont un tiers de très inquiet) – ces derniers anticipant très probablement l’effet de la crise financière sur leur activité – et les ouvriers (85%).
D’un point de vue politique, se fait jour une légère nuance quant à l’intensité de cette
inquiétude (82% des sympathisants de gauche contre 70% des proches de la droite se déclarent inquiets).
Cette anxiété palpable de l’opinion n’empêche pas l’émergence de jugements somme toute bienveillants s’agissant de l’attitude perçue de l’exécutif face à la crise. Ainsi, 66% des personnes interrogées approuvent la phrase selon laquelle «Nicolas Sarkozy a joué un rôle majeur et décisif dans les décisions internationales visant à faire face à la crise financière et boursière » alors qu’un tiers exprime un avis inverse. Cette évaluation très favorable du rôle du chef de l’Etat dans la tourmente financière explique en grande partie le rebond récent de sa popularité dans les enquêtes barométriques. Tout se passe comme si l’opinion accordait un crédit au volontarisme et à l’activisme de Nicolas Sarkozy, en tant que Président du Conseil européen dans cette crise internationale.
Il est à cet égard frappant de constater qu’une majorité de sympathisants de gauche (56% – dissociant leur posture traditionnellement critique à l’égard du Président de leur perception de sa gestion actuelle de la crise financière et boursière – reconnaissent positivement son rôle.
Plus généralement, au delà des jugements sur la manière dont l’exécutif fait face à la crise, se fait jour une fracture dans l’opinion sur les marges de manœuvre réelles du pouvoir politique dans le contexte de dérèglements tous azimuts de l’économie occasionnés par la crise. Ainsi, 52% des personnes interrogées estiment que « le président de la République et le gouvernement ne disposent pas vraiment de moyens efficaces contre la crise financière et boursière ».
Cette prise de conscience des limites du politique face à une crise structurelle et mondiale est ressentie avec plus d’intensité par les hommes (56% contre 48% chez les femmes), les cadres supérieurs ou les professions libérales (69% contre seulement 46% des ouvriers) et dans l’agglomération parisienne (61%).
Enfin, alors que la crise financière et boursière n’est pas achevée voire n’en est peut-être qu’à ses prodromes, les Français font part de perceptions sévères vis-à-vis des établissements bancaires, s’apparentant même à une véritable défiance.
En effet, plus des deux tiers des personnes interrogées (68%) considèrent que les établissements bancaires sont responsables de la crise financière et boursière actuelle. Ce jugement s’avère majoritaire dans l’ensemble des segments de la population et est exprimé avec encore plus de force par les 35-49 ans (77%) – c’est à dire la catégorie de la population comptant le plus d’actifs – les professions libérales et les cadres supérieurs (87%).
Signe de ce discrédit touchant le monde bancaire, une majorité de Français en vient même à remettre en cause le rôle financeur des banques dans l’économie. L’aide annoncée par les pouvoirs publics en direction des grandes banques de l’hexagone a probablement contribué à délégitimer le rôle « autonome » des établissement bancaires en ce domaine. Ainsi, à peine 30% des interviewés adhèrent à l’idée que les banques font bien leur travail de financement de l’économie alors que 69% expriment une opinion inverse.

Eh bien ça, c’est dit !
Savez-vous comment les chinois représentent le mot « crise » ? Ils utilisent un idéogramme composé de deux éléments : l’un signifie « danger », l’autre « opportunité ». Le sens est immédiat, il y a une continuité entre ces deux phases qui sont les deux faces d’une même pièce de monnaie.
Face à la sinistrose ambiante, auto-entretenue par les conversations, la presse, le yo-yo des bourses, les annonces opportunistes de licenciements… difficile pour les chefs d’entreprises (et notamment les patrons de PME dont je suis) de voir 2009 avec confiance. Voire même d’en distinguer les « opportunités ». Si la récession est bien là, je ne crois pas néanmoins que ce soit en faisant le dos rond que nous passerons cette étape avec succès. Tout juste pourrons-nous regarder le temps s’écouler et ruminer la sinistrose ambiante.
Je reste profondément persuadé que seuls les plus agiles, les plus réactifs, les plus malins, sauront résister et progresser dans ces temps difficiles. Je suis un indécrottable optimiste, je sais, mais jusqu’à preuve du contraire, et comme les Français le relevaient dans le sondage de l’Ifop, si les politiques peuvent agir, leur pouvoir est limité. A nous de jouer alors ! Néanmoins, les politiques peuvent contribuer à restaurer la confiance. Le plan français de soutien aux entreprises, et ses deux mesures phares : la suppression partielle de la taxe professionnelle et la création d’un fonds souverain à la française, vont y contribuer. De même que l’énergie de Nicolas Sarkozy, hier moquée, aujourd’hui respectée.
En attendant, tout ceci reste bien éloigné des échéances de fin de mois, à commencer par les salaires, la TVA sur les encaissements, les loyers, les cotisations sociales. Bref, des virements et des chèques. Tiens ma comptable vient de rentrer dans mon bureau. Recette ou dépense ? Dépense ! Une de plus. Il est temps de retourner au front pour assurer la colonne de droite !

Les Commentaires ( 15 )

  1. de jérôme Manin
    posté le 27 oct 2008

    « Le pessimiste se plaint du vent, l’optimiste espère qu’il va changer, le réaliste ajuste ses voiles. » W.A. Ward
    Erick à bien fait de trainer un peu puisqu’en résultat il nous offre une bouffée de réal-optimisme qui fait du bien alors que même le temps joue la crise sur le gâteau.

    Note : A par ici, je n’ai trouvée aucune information sur le réal-optimisme….

      Répondre

  2. de John Mac Clain
    posté le 27 oct 2008

    Et pendant ce temps là, au conseil municipal, l’opposition croque à pleine dent dans la vie. A propos de l’augmentation à 6% de l’augmentation de la fiscalité sur Lyon au lieu des 4% prévu par Gégé, Michel Havard nous dit :

    « En choisissant cette facilité, la Ville de Lyon n’a désormais plus de « poire pour la soif » en cette période de crise, et ce sont donc les Lyonnais qui vont subir les conséquences de cette politique. »

    « Sac à papier », Gégé n’a qu’a bien se tenir, je pense qu’un vieux de 75 ans a pris possession du corps de Michel Havard pour sortir une expression pareil… En fait peut être que Michel Havard est un vieux dan un corps de jeune, en politique il y en a plein et à Lyon on les élève en batterie.

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  3. posté le 28 oct 2008

    @John Mac Clain
    Avec votre pseudo de marchant de frite à l’huile de vidange, vous pouvez dauber sur les vieux :-D

    Vous pouvez critiquer Michel Havard mais allez-y au casse pipe, on assiste à une course de lenteur de l’opposition, on grattouille, même Libé ose dire que Collomb n’est peut être pas le génie qu’on veut bien qu’il soit, le premier qui démarrera s’en prendra plein la tronche.

    Relisez le communiqué de presse et pas seulement la dernière phrase : http://esprit-radical.net/img/EPL271008.pdf

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  4. de David Jourdes
    posté le 28 oct 2008

    Et si plus simplement Michel Havard s’était permis de penser, avant les autres, à la possible faillite d’une Mairie, d’une municipalité … Cela est possible … Voyez la Mairie de Laval en Mayenne …

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  5. posté le 28 oct 2008

    @David Jourdes
    Le système est dans notre cas complexe car les échelons des mairies d’arrondissements, de la ville et du Grand Lyon sont étroitement imbriqués.
    Michel Havard à un rôle de leader dans l’opposition au système Collomb qui va au-delà de la simple opposition politique, il n’est pas le seul ni le premier « à s’être permis de penser », on attend qu’il habite de plus en plus ce rôle et nombreux sont ceux qui sont prêt à l’aider dans cette « mission ».

    Pour « laval », la faillite c’est normal c’est un nom de collabo :-)

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  6. de JJ BOIS
    posté le 28 oct 2008

    Pour ceux comme moi qui ont éprouvé les méthodes de Dexia, il n’y a rien d’étonnant dans leur déconfiture, et il y a tout à craindre pour les collectivités qui se sont laissées séduire par leurs propositions commerciales avec des « commerciaux » qui avaient le profil des courtiers américains vendant les prèts hypothecaires…

    Espérons que les finances locales ne sont pas trop dégradées sur Lyon et le grand Lyon, mais en France on peut s’attendre à de nombreuses mises sous tutelle au niveau des collectivités locales…pour ne pas parler de faillites.

    La solution dans ces cas étant toujours l’augmentation de la fiscalité,on peut s’attendre à des lendemains pénibles,chers camarades contribuables!

    Les Impots locaux seront le grand fléaux de ce siècle,il suffit de regarder les nombreux et couteux palais que ces Messieurs se font batir, »pour mieux remplir leur mission »,voir pour certains « faire des économies de gestion », ben voyons…en plus il nous prennent pour des demeurés.Dans tous les cas il faut soutenir ceux qui s’opposent à ces dérives,mème si la forme parait vieillote.

      Répondre

  7. posté le 28 oct 2008

    @JJ Bois

    On devra se poser la question de la formation des élus locaux pour ne pas fléchir au premier chant des sirènes de l’économie facile.

    Le fait que des banquiers éminents soient tomber dans le piège pourrait plaider en faveur de l’irresponsabilité de nos élus locaux, mais au moins arrêtons les avant la cata !

    Peut-on demander la mise sous curatelle de Collomb et Queyranne ?

      Répondre

  8. de David Jourdes
    posté le 29 oct 2008

    On peut vraiment ? Comme faut-il faire ?

      Répondre

  9. de MT
    posté le 29 oct 2008

    Je découvre votre blog, via Facebook. C’est intéressant et pas mal écrit. Bravo!

      Répondre

  10. de JJ BOIS
    posté le 29 oct 2008

    Chouette un nouveau client….en ces temps de crise!!

      Répondre

  11. de David Jourdes
    posté le 29 oct 2008

    Et quel est votre profil sur facebook ?

      Répondre

  12. posté le 29 oct 2008

    @ MT : merci beaucoup
    @ David Jourdes : il suffit de cliquer dans le frame de gauche sur « Erick sur facebook » ou de cliquer sur
    http://www.facebook.com/home.php#/profile.php?id=694626017&ref=name

      Répondre

  13. de jérôme Manin
    posté le 31 oct 2008

    Crise et Confiture

    « La crise d’hier est la blague de demain. » HG Wells
     
    « Nous en étions à ce point dans la crise européenne qu’une révolution de plus, c’était une guerre de moins. » Victor Hugo

    « Il paraît que la crise rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Je ne vois pas en quoi c’est une crise. Depuis que je suis petit, c’est comme ça. » Coluche

    « A une époque où on assiste à un transfert de gestion de la crise sociale du politique au psychiatrique, on ne peut qu’être inquiet de voir transférer le soin psychiatrique vers la religion ou la religiosité. » JM Abgrall

    « Ce qu’on nomme la crise n’est que la longue et difficile réécriture qui sépare deux formes provisoires du monde. » Attali

    « Si les gens meurent moins de crises cardiaques c’est qu’ils meurent avant pour d’autres raisons. » Jean Yanne

    « Une crise de nerfs n’est pas une opinion. » Henri Fauconnier

    « Les hommes n’acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise. » Jean Monnet

    « Une crise cardiaque : c’est un coup de pompe funèbre. » F Dhumes

    « Il ne peut pas y avoir de crise la semaine prochaine : mon agenda est déjà plein. » Henry Kissinger

    « Les semences de la foi sont toujours en nous ; parfois il faut une crise pour les nourrir et encourager leur croissance. » S Taylor

    « Les grandes crises de la vie peuvent faire de chaque heure une éternité d’angoisse, elles n’arrêtent pas le temps. » L Bilodeau

    « Une crise de mysticisme suit parfois une déception sentimentale. » JC Harvey 

    « Crise d’adolescence : en réalité, le seul moment où l’homme, ayant mesuré son destin, est tenté d’aller jusqu’au bout de ses pensées. » P Turgeon

      Répondre

  14. de David Jourdes
    posté le 2 nov 2008

    @ Erick Roux de Bezieux

    « David Jourdes : il suffit de cliquer dans le frame de gauche sur “Erick sur facebook” ou de cliquer sur
    http://www.facebook.com/home.php#/profile.php?id=694626017&ref=name »

    Ma question était destinée à MT … Nous sommes « friends » sur Facebook !

      Répondre

  15. posté le 31 déc 2008

    la photo résume bien la situation oui .

    bonne continuation !

      Répondre

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