Les mots qui rendent heureux

MeetingMacron2« Je te dirais les mots bleus, les mots qui rendent heureux » chantait Christophe. Emmanuel Macron revendique l’optimisme, comme une marque de fabrique. « L’optimisme c’est cette volonté de regarder ce qui va advenir et de vouloir y jouer un rôle résolu » affirmait-il en mars dernier au Printemps de l’Optimisme organisé par l’ami Thierry Saussez.

Depuis quelques mois, Macron est en marche vers une terre promise dont lui seul connaît les rivages tant il n’ose se mettre en danger en formulant un projet précis. Mais cela viendra, et la presse qui lèche se retrouvera peut être à devenir la presse qui lynche…

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L’universitaire Cécile Alduy exposait dans Le Monde du 21 janvier que « la candidature d’Emmanuel Macron est remarquable car elle ne repose pas sur le contenu mais sur la « performance » du discours, au sens théâtral. » Pour le journaliste Jean-Baptiste de Montvallon, éditorialiste au Monde, « la performance de M. Macron consiste parfois à parler pour ne rien dire. Ce qui reste le plus sur moyen de ne créer aucun remous. » Admettons néanmoins que parfois, les mots peuvent rendre heureux… Il faut dire que ce fin lettré a le sens de la formule et une solide base littéraire. Il sait, au débotté, dire une scène entière de Molière ou placer un impromptu de poésie classique. En politique, les hommes qui ont lu (et apprécié) les livres sont si rares… Mais comme l’écrivait Laurent Wauquiez en 2007 dans le numéro 120 de la revue Commentaire : « Derrière toute communication, il y a une exigence d’action ». Macron nous promet un projet fin février. Plus que quelques jours avant d’entrevoir l’action derrière les mots… En attendant, je rejoins l’excellent papier de Bruno Roger-Petit dans Challenges où il parle des « candidats de la bienveillance et de l’optimisme » comparés aux candidats immobiles, conservateurs ou archaïstes… A lire ici ! https://www.challenges.fr/election-presidentielle-2017/macron-et-hamon-l-etonnant-succes-des-candidats-de-la-bienveillance_452112

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2 Français sur 3 ? Emmanuel Macron, c’est donc une tête bien faite, un physique avenant et un regard qui, lorsqu’il se pose sur vous, respire la bienveillance et l’écoute active, comme j’ai pu le constater lors de réunions de travail, notamment il y a un an, au Salon de l’Agriculture. Et ça c’est rafraichissant. J’attends donc avec gourmandise son discours de Lyon dont il se murmure qu’il pourrait marquer un tournant de sa campagne présidentielle, quelques jours après la « gauchisation » du PS et le plombage de François Fillon.

Son équipe promet un texte « coup de gong, très personnel » qui doit permettre de préciser « son histoire, comment il a cheminé et surtout son identité politique sur un échiquier totalement déstabilisé, où les grands partis ont en quelque sort failli, où l’on observe des ruptures idéologiques au sein même de la droite et de la gauche, où il n’y a plus d’unité. » J’ai hâte, un garçon qui veut rassembler 2 Français sur 3 ne peut me laisser indifférent…

Ce pur produit du système se veut révolutionnaire (encore un, même s’il est plutôt perruque poudrée par rapport au sans culotte Mélenchon que je vais voir demain). La preuve, tout comme Bruno Le Maire et NKM, il a choisi de démissionner de la fonction publique pour se consacrer à son nouveau combat, abandonnant le parachute doré de la future retraite, sans même travailler pour son corps d’origine ! Pour lui, le système à abattre est d’essence politique. Il capte l’attention d’une partie des déçus de la politique et de ses partis à bout de souffle qui « défendent les intérêts de ceux qui sont dans le système », des « corporatismes » qui, pour lui, ont « recréé de l’immobilité sociale, de la défiance démocratique et de l’inefficacité d’action ». Pour Thierry Pech, directeur du think tank de gauche Terra Nova, cité par Libération hier, « Il a eu très tôt l’intuition que l’ensemble des règles, des pratiques et des usages qui façonnent notre système politique étaient en phase terminale. »

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Fans de. 13h20. Station Jean Macé. Le métro est bondé façon heure de pointe. Et pourtant, le discours d’Emmanuel Macron n’est que dans 3h40. Arrivée au Stade, c’est déjà la foule. Mareck a 22 ans, étudiant en Master finance c’est son premier meeting. « Je suis plutôt de gauche. Pour ma première élection, je viens m’informer. Je serai demain au meeting de Malenchon. » On sent qu’avant même le meeting, son choix est fait. Tout comme celui d’Hugo, 24 ans, plutôt de droite lui. La foule se masse à 200 mètres du Palais des Sports. L’entrée se fait au compte goutte et sous haute sécurité.

14h52. Ce qui me frappe le plus, c’est l’accueil. Des sourires, des bonjours, soit ils sont très bien élevés soit le brief a été bon. On se sent attendu. Sympa. Le Palais des Sports de Lyon se remplit petit à petit. Cornes de brume, tout est logoté EM! Macron s’exprimera au centre de la salle, dans une déco façon ring de boxe à l’américaine, au centre (politique et de la salle).

Macron ne parle que dans 2 heures, mais il n’y aura pas de place pour tout le monde… La salle a une jauge de 6 500 places assises et, selon les organisateurs croisés, ils attendent entre 10 et 15 000 personnes ! De quoi revendiquer, avant même le premier essai son, un succès ! Succès que Gérard Collomb, le sénateur maire socialiste de Lyon et macroniste de la première heure, ne manquera pas de faire sien avec son sens de la répartie. Après avoir été si longtemps tricard de la vie politicienne nationale, on l’imagine mal bouder son plaisir !

Emmanuel au balcon ! « En marche ! La liberté », ce sera le slogan de la campagne. Les affiches couvrent les balcons. Une série de 3 photos, souriant, avec ou sans cravate. Les photos sont prises « live », sur le terrain. On est loin des photos posées. Les « poches à boxon », emplies de militants surchauffés se font la voix. « Qui ne saute pas n’est pas Macron, hé ! » sont suivies de Macron Président. Un chauffeur donne de la voix dans les tribunes. On se croirait chez les Bad Gones ! Amusant pour le meeting du très bien élevé et policé Macron !

Un rescapé des campagnes municipales de Gérard Collomb a ressorti son écharpe fushia. Soit il l’a stockée dans la naphtaline, soit c’est de la bonne qualité made in France comme le dirait Arnaud Montebourg. Devant moi, Bernard Rivalta (est-il venu en TCL, une fois n’est pas coutume ?), Anne-Sophie Condemine qui a compris depuis longtemps que son salut de centriste passait par la gauche ou Bruno Bonnel, virevoltant façon grand chef organisateur. Le 3e étage se remplit. Les rangs VIP sont encore bien déserts. Normal, le peuple peut attendre, l’élite sait qu’elle trouvera toujours de la place. Ici, la révolution (c’est le titre du bouquin de Macron) n’en est pas encore à couper des têtes. En fait, ils aimeraient sûrement un peu plus de têtes connues de droite…

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14h28. Toutes les têtes d’affiche locales du PS et affidés sont en marche. Pas de surprise : David Kimelfeld, Jean-Yves Sécheresse, Fouzia Bouzerda, Georges Képénékian, Marc Béchet, Ronald Sannino, qui en passant me lâche qu’il n’est pas candidat aux législatives, Franck Isaac-Sybille du Modem triomphant… The boss, Gérard Collomb, vient d’arriver. C’est un peu son jour de gloire. Nous écrivions avec mon compère Gérard Angel dans « Les branleurs rentrent en primaire », une pièce en alexandrins parue à l’automne des vers prémonitoires. C’est dans la bouche de Gérard Collomb parlant de Macron  :

Je porte sa parole, il porte mes idées
Sur toutes les télés, et même sur RMC.
Il a lu mon bouquin, «Si la France s’éveillait»
Brigitte me l’a confié, ouvrage de chevet.
Ach’té sur Amazon, des stocks il en reste
Plus besoin d’les brader, ce s’ra son manifeste.
En Marche, En Marche, En Marche, Evidemment Macron
Lyon deviendra sa muse, ensemble nous forgerons
Un destin très glorieux pour notre cher pays
Lyon sera capitale, et tant pis pour Paris.
Cette aventure me grise, je suis un pygmalion
Ensemble nous portons une juste rébellion.
Le pays a besoin de l’alliance absolue
Suis un Maître Yoda, et lui un jeune bizuth.
Il est mon padawan, suis son seul grand maître
Je saurai lui offrir sur un plateau le sceptre.
Emmanuel me doit tout, ici personne n’en doute
Nous avons devant nous une belle autoroute.

 

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Européen ! 14h42. Le discours est prévu dans 1h20. Le 3E étage du Palais des Sports est plein. Le 2e à moitié plein. La foule piétine dehors. L’entrée se fait au compte goutte. Pas mal de drapeaux européens dans la salle, une marque de fabrique des meetings de Macron qui veut faire vibrer la France sur le thème de l’Europe.

Cédric Villani, le mathématicien, est alpagué par les journalistes. Ils veulent de la vedette, du people. Mais d’ailleurs, ou est Marco le rédac chef de LyonPeople ? Encore à pister Macron au restaurant, dans son hôtel, à son petit dej, lors de ses rendez-vous privés ?

La presse s’échauffe car elle n’a pas droit d’accéder au parterre VIP. Il faut un bracelet argenté (une marque de fabrique Macron ?) et les journalistes, eux, l’ont rouge (de rage ?).

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Game changer ? C’était dans Le Parisien au tout début de la campagne de Macron : « L’idée, c’est l’enthousiasme et de s’adresser aux gens sans filtre, (…) pour mieux mettre en valeur le produit », affirme Adrien Taquet, cofondateur de l’agence Jésus et Gabriel et grand manitou com de la campagne. Pour lui, « Macron est un game changer : il change les règles du jeu. » Sic…

On nous vend donc de l’image (avec des tactiques très old school d’ailleurs), c’est normal. Reste à Macron et à ses équipes à ne pas oublier la phrase de Mendes France : « Choisir un homme, fût-il le meilleur, au lieu de choisir une politique, c’est abdiquer. » C’est la clé.

« Ca va être très puissant, explique près de moi un chapeau à plumes de la campagne. Hier il nous a révélé des éléments de stratégie. Il y aura un avant et un après Lyon ». On ne demande qu’à voir !

Jean-Yves Sécheresse, adjoint PS à la sécurité, me confie qu’il vient de faire entrer Gérard Angel (Les Potins d’Angèle), « histoire de le protéger ». De lui même ?

 

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15h01. Le 2e étage est quasi plein…

Les première personnes de droite arrivent : Marc Fraysse, venu chercher une investiture ?, et l’avocat Bruno Alart. Elles sont sagement placées au fond… A leur côté André Soulier, ancien Premier adjoint de Raymond Barre et fidèle de Collomb.

Le centriste Jean Arthuis et Jean-Paul Delevoye (LR) sont traités avec plus d’égard. Ce sont deux belles prises, inconnues du grand public, mais leur voix porte dans le landernau libéral et gaulliste.

Cette affluence et l’ambiance rappellent à Gérard Angel le lancement du RPR en décembre 76. « C’est pas bon signe lance-t-il en rigolant. Il leur a fallu 20 ans pour gagner !’

15h17. Bruno Bonnel prend le micro. « Il y a 5 mois, nous étions 500 dans une péniche. Ce soir nous sommes plus de 12 000 pour Emmanuel Macron à Lyon. » Le son est pourri. Dommage ! « Nous avons ce soir une responsabilité : plus de 20,5 millions de personnes vont nous voir à la télévision.

Ca y est, la finance revient au galop… « Donnez, soutenez-nous ! » Il faudrait faire appel au couple Fillon ;-)

« Lyon ce soir est la capitale d’En Marche ! » C’est sur, Collomb doit rosir d’aise ! Bonnel est à l’aise sur scène, je me souviens des grandes heures d’Infogrames et des fêtes où il jouait déjà les Mr Loyal…

 

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Faites du bruit ! La poche à boxon principale est survoltée. Cool les amis. Il y a un meeting à tenir ! ;-) Eh oh les macronistes, il faudrait professionnaliser ça. Une seule poche (groupe de militants surexcités qui donnent le ton), c’est pas assez, il en faudrait au moins 3 pour dynamiser la salle. Même Ronald Sannino pense comme moi, c’est dire ! ;-)

5, 4, 3, 2, 1, le décompte apparait sur de grands panneaux. 0, et puis rien. Ben alors ? Ah, un live commence. On s’auto-interview, on se congratule, on est beau, on est fort ! Et puis ça occupe la salle et lui donne l’occasion de bouger, de crier, d’acclamer. Le Juge Alphen (le spécialiste des mises en examen des politiques) puis Cédric Villani, le mathématicien, s’expriment. On se tutoie, tout le monde s’aime.

C’est le tour d’un champion Olympique (Londres), Charles « qui n’a pas de nom ». Les journalistes autour de moi ne savent pas qui c’est ! Trop fort la culture sportive dans la presse politique ! Bon, autant vous avouer que moi non plus !

« Faisons tomber les barrières » demande Cédric Villani. Bon pour moi la barrière des maths est toujours la, Cédric… ;-)

Macron en live depuis l’extérieur où il passe saluer la foule qui espérait rentrer… Il revendique 8 000 personnes dehors. On dira 4 à 5 000 max (certains rêveraient d’en avoir 50% en vrai !). « Je reviendrai, nous irons plus loin, les salles seront plus grandes, je m’y engage. »

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Vu à la télé. Nadine et Coralie passent à la télé. Mounir l’animateur se prend pour Jacques Martin à l’Ecole des Fans. Elles sont heureuses les filles « Les femmes vous ont entendu Emmanuel Macron. On a créé sur facebook « Elles marchent 94″, pour les femmes et les hommes ». Ah bon, elles marchent les hommes ? Candice de Montpellier est la aussi. Comme quoi ce meeting est bien national et pas que régional. Ca y est on y a droit. Macron est comparé à Barack Obama. « Ici à Lyon, oui nous osons ! »

16h04. Le service d’ordre se met en place. Les grandes chaines de télé d’info en continu et TLM démarrent leurs live. « La France c’est un projet » scande une vidéo de Macron. La température monte d’un cran. « Macron Président » scande la foule. Bonnel revient sur scène et annonce 16 000 personnes (ce qui ferait 10 000 à l’extérieur la jauge étant de 6 500 places). J’en doute, mais la tradition des meetings est à l’exagération. En étant franc, c’est quand même un extraordinaire succès, même à 12 ou 14 000 personnes. « Nous sommes les progressistes, qui veulent voir la France entrer dans le XXIe siècle avec fierté ».

L’ami Alexandre Vincendet, maire Les Républicains de Rillieux et candidat aux législatives estime via le live de LyonCap (il regarde le meeting depuis son salon, peinard), “Le pré-discours devant Gerland… ça fait un peu pathétique…” Alexandre, rhôôô. Jaloux ;-)

 

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Gégé, Gégé ! Gérard Collomb entre en scène. Standing ovation… dans les rangs VIP. Le reste de la salle acclame mais ne se lève pas. Qui ne saute pas (et ne se lève pas) n’est pas… « Jamais je n’avais perçu une telle ferveur dans une campagne présidentielle. » Collomb a fait tomber sa cravate, la mode jeune qui n’a pas porté chance à Bruno Le Maire. Nous démontrons ici « que nous ne sommes pas des hologrammes, des adhérents virtuels. Beaucoup retrouvent enfin une espérance. »

Ca fait longtemps que je n’ai pas entendu un discours de Collomb où il ne joue pas sur l’autosatisfaction de son bilan. C’est frais, ça sent la nouveauté, ici, à Lyon ! Mais sur le fond, c’est bien moins bon que d’habitude. Pas facile de faire le chauffeur de salle…

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On se lève tous pour… « Macron Président », la salle est debout. Musique, images de la France et de l’Europe éternelle. De Gaulle, la libération, le mur de Berlin, Jaurès, le droit des femmes, Hugo, Gandhi, l’Abbé Pierre, Chirac, Charlie : la France en Marche… Conclusion sur la photo officielle de campagne. Sans cravate. Musique jazzy, la salle tape dans ses mains. IL arrive.

Costume bleu, chemise blanche, cravate sombre. L’uniforme des Présidents. Assorti à Geneviève de Fontenay qui est passée de Mélenchon à Macron en 5 ans. Elle finira chez LR si elle continue !

« Vous êtes la preuve vivante que les Français ne se détournent pas de la politique. C’est une démonstration d’envie ! Ce n’est pas une démonstration de force car la force ça ne sert pas à grand chose. C’est une démonstration d’envie d’envisager un avenir nouveau. »

Suivez le discours en live sur TLM ou BFM TV par exemple…

« On ne se rassemble pas sur des sifflets », explique Macron aux militants survoltés. « Ca fait longtemps que j’attendais qu’un homme politique dise cela » m’envoie par SMS un élu LR de la Métropole…

« René Benetto écrivait que Lyon est la capitale de la province. Moi aussi je suis un enfant de la province. Ma présence je vous la dois. Je la dois au travail, à l’école, à la chance et à l’amour des miens. Je la dois à cette volonté de ne pas se soumettre, d’aimer la liberté, de ne pas accepter un ordre établi, de changer les règles si ce ne sont pas les bonnes. »

« Je veux réconcilier la France avec le monde, réconcilier nos histoires qui trop longtemps se sont divisées, pour créer un avenir collectif, pour retrouver le progrès qui nous unit. Nous vivons un moment singulier de notre histoire, où le destin hésite, où ce qui paraissait certain ne l’est plus. Les temps que nous vivons sont graves, ils sont traversés par des mutations profondes, la révolution numérique, la révolution écologique. »

« Partout la tentation du repli, de la fermeture gagne du terrain. (…) Il nous faut dans ce contexte savoir tenir notre rang, savoir quelle est notre histoire, ne jamais rompre le dialogue, mais toujours défendre nos intérêts et nos valeurs. »

« Nous ne pouvons plus défendre un système politique dont les usages affaiblissent chaque jour la démocratie. Nous ne pouvons plus promettre sans avoir chaque jour l’exigence de faire. »

« Nous ne pouvons plus louer le projet européen sans proposer une autre vision de l’Europe. »

« Je ne vous dit pas que la gauche et la droite cela ne signifie plus rien, ou que c’est la même chose. Pour s’émouvoir aux grands discours sur l’Europe de François Mitterrand, fallait-il être de gauche. Pour avoir de la fierté lors du discours de Jacques Chirac au Vel d’Hiv, fallait-il être de droite ? Non, il fallait être Français ! Gauche et droite sont divisées en leur sein sur des questions fondamentales. »

C’est bien dit, ça parle à tout le monde, mais au fond, au delà de la communication, ça manque encore de fond, de propositions fortes, de concret. Après 20 minutes de discours, on va peut être entrer dans le dur ?

Sarkozy, en 2007, avait le talent (avec l’aide de Guaino) de dire le récit national et de fédérer autour. Macron y arrive aussi, sur le thème du rassemblement. Mais avec moins de force dans le phrasé. Les cours de théâtralité de son épouse doivent se poursuivre…

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Le socle. « Le cœur de ce projet français tient en 3 mots, il tient dans cette devise qui prennent leur source dans une histoire encore plus ancienne que la République. trois mots qui seront notre avenir, parce que nous allons ensemble leur redonner leur sens et leur vitalité. la gauche a trop souvent pensée que l’on ne pouvait promettre que l’égalité, en la transformant en égalitarisme. la droite pense peut être trop souvent que la liberté est une boussole. La fraternité, quant à elle, on l’a laissé se faner. (…) Notre premier combat sera celui pour la liberté retrouvée, et la liberté c’est d’abord la sécurité. »

Bel hommage aux militaires engagés sur les théâtres des opérations extérieure, au retour d’une visite en Jordanie. « Leur fieré, c’est la notre ! Je m’engage à ce que le budget de la Défense soit porté à 2% du PIB, je veux une défense plus européenne, des partenariats entre la France et l’Allemagne. je me suis engagé à recruter 10 000 personnes dans les effectifs de police et de gendarmerie dans les 5 années à venir. Mais aussi une réorganisation pour que la protection des Français soit plus visible et plus efficace. Il faut rétablir l’autorité de l’Etat, avec un renseignement territorial plus efficace et plus présent, la (re) création d’une police de sécurité de proximité, au contact des Français. »

Jules Joassard (PS Hamon) se croit dans un meeting de l’UDF, explique-t-il sur le live de Lyon Capitale. C’est de l’humour, mais je le prends au pied de la lettre ! Tu as raison Jules… Demain, chez Mélenchon, ce sera une autre histoire ! ;-)

  »Je n’accepte pas qu’un homme au titre de sa religion, ne puisse refuser de serrer la main d’une femme. Je n’accepte pas que des regards d’hommes puissent interdire à une femme de s’asseoir à la terrasse d’un café. A chaque fois qu’ion laisse faire on abandonne un bout de notre liberté. »

« Nous sommes et serons les défenseurs du travail. Je m’oppose à un projet qui voudrait que la promesse serait de pouvoir vivre dignement dans une oisiveté subie ou choisie. (…) Le revenu universel, ça s’appelle le RSA. Et si on savait le multiplier par deux, j’ose espérer qu’on l’aurait fait depuis longtemps. Les Français veulent la possibilité de vivre dignement de leur travail. »

« Je supprimerai le RSI, je simplifierai le droit du travail pour qu’il soit au plus près du terrain et que la négociation d’entreprise ou de branche puisse définir les bonnes règles bien mieux que la loi. J’allègerai les charges patronnales jusqu’à 2,5 fois le SMIC et un allègement de charges de 10% au niveau du SMIC » La salle est en liesse, on se croirait à un meeting de LR !

« Je ne veux plus entendre dans notre pays qu’il est plus intéressant de faire autre chose que de travailler. C’est aussi pour cela que la politique agricole que nous mèneront ne sera pas basée sur l’assistanat mais d’accompagnement, de lutte contre la volatilité des prix… Chaque paysan doit vivre dignement de son travail parce qu’il en aura le bon prix. »

« Libérer le travail, c’est aussi libérer l’innovation… Je lance un appel aux chercheurs, vous avez aujourd’hui et vous l’aurez à partit de mai une terre patrie, ce sera la France ! »

« Nous sommes de cette génération qui a vu le mur de Berlin tomber. N’oublions jamais que l’Europe a eu des barrières. N’oublions jamais. Je ne veux pas de nouveau mur. »

Les drapeaux européens se lèvent, la salle crie Europe Europe. Honnêtement, ça faisait longtemps que je n’avais pas vu ça ! Libéral, social et européen. Macron revendique et affirme les trois piliers de l’UDF. A ce meeting, j’ai l’impression d’avoir 16 ans et de revenir aux sources. Impressionnant !

« Je veux écrire une charte de nos droits et de nos devoirs. Elle donnera un contenu à ce principe d’égalité. Ce n’est pas de l’égalitarisme, promesse intenable. Je tiens à l’égalité face aux droits et aux devoirs. »

Très bonne partie sur l’égalité. Il fait applaudir Philippe Seguin, ancien président de l’Assemblée Nationale et pur produit de l’égalité des chances républicaine.

« Je souhaite que dans nos écoles, on puisse diviser par deux le nombre d’élèves par classer. En CP et en CE1, je paierai beaucoup mieux les enseignants qui iront travailler en zones d’éducation prioritaire. Ils auront plus d’autonomie. »

Diviser par deux le nombre d’enfants, c’est ce que fait St Joseph des Brotteaux, et ça marche. J’y ai mes enfants.

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Après une pause des doigts je reprends… ;-)

La salle scande « On va marcher »… Il les fait marcher Macron ou quoi ? ;-)

Emmanuel Macron défend la création d’une « véritable sécurité professionnelle universelle », « que chacune et chacun ait une garantie qu’il puisse accéder à une indemnité quand il se retrouve au chômage. Et en même temps, qu’il y ait des droits et des devoirs », et donc l’obligation d’accepter une « offre décente d’emploi ».

Macron promet aussi une « révolution de la formation professionnelle ». « Ce n’est pas plus de dépense publique, c’est un État stratège », avec « une évaluation partout pour que ce soit efficace ».

« Je présenterai à la fin du mois la stratégie de diminition des dépenses de fonctionnement et la stratégie d’investissement dans le numérique, l’énergie, la modernisation de l’Etat et la formation des jeunes. »

 

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« Notre peuple Français est uni par une institution invisible dont nous devons retrouver le sel, c’est la fraternité. La fraternité n’est jamais donnée, elle est toujours à reconstruire, toujours à préserver, toujours à renouveler. C’est ce que nous avons en commun, c’est ce qui nous tient ensemble, ce que nous avons à défendre. C’est d’abord ces biens communs que nous devons protéger, l’eau, l’air, la nature. Si nous sommes écologistes, ce n’est pas pour bloquer le progrès, c’est par fraternité avec nos semblables. Nous voulons créer un modèle économique durable, que l’on puisse transmettre. (…) Nous préférons la gestion des ressources à leur exploitation. »

« Notre culture ne peut plus être une assignation à résidence. Il n’y a pas une culture française, mais une culture en France. Nous ferons un accès et un chemin à la culture. Je veux que nous ouvrions nos bibliothèques le soir et le week-end. » Et si Collomb le faisait dès juin, par exemple. Je vois d’ici sa tête !

« Je veux créer un Pass Culture ». Pour mémoire, quand Charles Millon l’a crée en Rhône-Alpes, la gauche était vent deboit, les enseignants aussi. Quoi donner la responsabilité de son parcours culturel à un jeune !!! Et puis, devant le succès, tout le monde l’a imité. Bref, Macron réinvente l’existant. Un fil rouge de son discours...

« La Fraternité, c’est notre Francophonie, c’est notre langue. »

« Notre combat pour la Fraternité, enfin, ce sera notre combat pour l’Europe. Il y a une très belle phrase du Prince de Ligne qui, revenant de campagne demandait à son épouse « M’avez-vous été fidèle ? » Elle répondit « Souvent ». Eh bien, la plupart des responsables politiques français sont souvent fidèles à l’Europe… Nous nous le seront totalement. Parce que l’Europe a été créée pour la paix, pour la prospérité et pour le progrès. »

« L’Europe a besoin aussi de liberté, d’égalité et de fraternité. Pour porter cette trinité républicaine, nous allons avoir besoin de nous battre ensemble car nous vivons un moment grave. Chacune et chacun doit se penser dans un monde plus trouble, où les équilibres sont rebattus, où chaque jour des scandales dévoilant des pratiques d’un autre âge se font jour. Ce qui se passe dans notre vie politique et médiatique n’est bon pour personne. Notre combat c’est de tout faire pour que ce qui se passe ne bénéficie pas avant tout au Front National dont les pratiques n’ont d’ailleurs rien à envier à celles et ceux qu’ils dénoncent. Ce qui s’installe dans notre pays est une lèpre démocratique, c’est la défiance. Nous devons restaurer la dignité de la vie publique, indispensable. »

« Je vous demande d’avoir une exigence de bienveillance. C’est d’abord et avant tout une hygiène démocratique. Celle qui permet le rassemblement. » Millon, je me souviens, avait écrit la Paix Civile, il employait les mêmes mots…

« La politique ne peut pas être un métier, elle est une mission. »

Macron lance un appel aux femmes pour qu’elles s’engagent et se présentent aux législatives. Comme les autres, il peine à recruter. Les volontaires féminines ne sont pas si nombreuses (17% pour l’instant).

« Il reste 78 jours pour l’emporter ! » Une partie de la salle débout exulte, l’autre applaudit sagement. « 78 jours car notre temps est venu et notre volonté est en marche. »

 

Fin du live. Rendez-vous demain même heure chez Mélenchon. Ca risque fort d’être moins consensuel !

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