Cent jours, avant, pendant et après…

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Le vol de l’Aigle a-t-il commencé ? On a souvent l’impression que l’histoire bégaye…

Louis XVIII, réduit par les livres d’école à quelques clichés (un gourmand trop gras, égoïste et poltron) tente de réconcilier les Français en faisant la synthèse entre les valeurs de l’Ancien Régime et celles de 1789. Son règne, qui commença plutôt bien, tourna rapidement au vinaigre, multipliant les fautes politiques notamment en accroissant les impôts dans un pays en crise…

Une impopularité croissante qui ne rendait pas, pour autant, désirable le retour de Napoléon, retiré sur l’île d’Elbe.

Le vol de l’Aigle, c’est le retour de l’Empereur, il y a tout juste 200 ans (mars 1815). Un retour pacifique, une lente remontée vers Paris avec cet épisode qui fait la légende où, face à des soldats venus l’arrêter sur ordre du Roi, Napoléon ouvre sa chemise et leur dit : »Tirez sur votre empereur, si vous en avez le courage ». Les fusils ont alors visé le sol, Paris pouvait tomber.

Si cette histoire vous en inspire une autre, plus proche, on voit déjà que les balles sifflent aux oreilles de Nicolas Sarkozy, façonnées d’abord par ses propres amis…

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Deux ans et demi après une campagne de France perdue, Nicolas Sarkozy a donc annoncé son retour vendredi dernier, offrant son torse aux balles… Et il explique, entre les lignes, qu’il compte bien renverser la table, dans la plus pure tradition bonapartiste.

Mais ce retour, par la petite porte de Facebook, semble bien loin de l’intention de départ, celle de l’homme providentiel, au-dessus des partis, répondant aux appels d’un peuple le voyant comme un libérateur. Le fameux homme providentiel.

« La petite politique, c’est fini pour moi. Je ne veux plus m’en occuper » – 18 septembre 2013
« Ce n’est pas à l’UMP que ça se passera. C’est dans le pays que ça se jouera » – 30 janvier 2014.

Les images sont encore dans nos têtes. A son départ de l’Elysée, il faisait beau. La pluie n’a cessé d’accompagner son successeur. Et les cartes postales envoyées à intervalles réguliers ont rappelé aux Français que Sarkozy était, dans l’imaginaire collectif, l’exact opposé de l’actuel locataire de l’Elysée.

« Hollande, c’est pas terrible et on va en prendre pour dix ans ! Parce que dans cinq ans, c’est Marine Le Pen qui sera face à lui au second tour et bien entendu, il gagnera. » Une analyse lapidaire signée… Carla Bruni et rapportée par Atlantico en février 2013. Car il semble acquis, à date, que l’on connaît déjà l’un des deux finalistes des prochaines présidentielles. Et c’est dans cette optique que Nicolas Sarkozy fait son retour, pour nous permettre d’échapper au désastre annoncé dans une France qui semble n’avoir jamais été aussi à droite.

Mais en revenant aussi rapidement, alors que les Français ont encore en mémoire à la fois son volontarisme et une certaine forme de courage, mais également un bilan contrasté et des saillies souvent malheureuses, il prend un risque. D’ailleurs, les sondages parus depuis l’annonce montrent que s’il fédère une grande partie de sa famille politique, il ne convainc pas au delà.
D’autant qu’il ne définit pas (encore) de ligne idéologique de rupture avec le Sarkozy de 2007, puis de 2012. Et que depuis, le monde a changé, et la France s’est abîmée.

« Toi qui ne pus jamais comprendre le repos ? N’as-tu donc plus la main qui lance le tonnerre ? N’as-tu plus le sourcil qui fait trembler la terre ? N’as-tu plus le regard qui produit les héros ? » écrivait Gérard de Nerval dans son poème l’Ile d’Elbe consacré à l’Empereur. Les prochaines semaines, qui se transformeront en mois, seront loin d’une remontée triomphale des Champs Elysées et les occasions de chuter nombreuses. Mais l’homme a du ressort et il sait que la victoire se remportera à une condition : cent jours pour renverser la table et réformer (enfin) la France. Mais pas des réformes à la Valls pour qui « réformer, ce n’est pas casser. Réformer, ce n’est pas régresser », mais bel et bien des réformes qui reconnaissent que notre fameux modèle social a vécu et que nous n’avons plus les moyens de le faire vivre. C’est à ce prix que ces cent jours ressembleront plus aux premières années du Consulat et laisseront une trace dans l’histoire.

Et pour finir dans le thème, je ne résiste pas à vous livrer quelques citations ou maximes signées Napoléon dont l’actualité est saisissante…

« L’important de la politique est d’arriver à son but, les moyens ne font rien à l’affaire. »
« Il y a des gens qui se croient le talent de gouverner par la seul raison qu’ils gouvernent. »
« Il est plus facile de faire des lois que de les exécuter. »
« La haute politique n’est que le bon sens appliqué aux grandes choses. »
« Avec de l’audace, on peut tout entreprendre, on ne peut pas tout faire. »

 

Les Commentaires ( 1 )

  1. de jerome manin
    posté le 22 sept 2014

    Un pied à Golfe Juan et déjà percé plus que ne perçait…
    Prévoyons l’hiver au salon sans trop de bruit, un buste de Napoléon vous garantira un Bonaparte manchot.

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