Salariés : le moral en yoyo…

yoyogn

« Satisfaction » chantaient les Rolling Stones. Pas si simple en 2011 si l’on s’en réfère à cette enquête du cabinet Mercer sur le moral des salariés.

Un sondage effectué auprès de 2 000 salariés français et publié lundi dernier… Intérêt, la dernière enquête datait de 2007, soit avant la crise. Comparons.

La conclusion la plus marquante de cette étude (et celle qui a fait couler le plus d’encre) est donc la forte baisse de l’engagement des salariés en comparaison avec 2007 et l’avant crise. Cette baisse est d’abord causée par la chute sans précédent de la loyauté…
30% des salariés français songent en ce moment sérieusement à quitter leur entreprise, soit 57% de plus qu’en 2007 ! Et 50% d’entre eux seulement « ressentent encore un fort attachement à leur entreprise ». Soit 11% de moins qu’en 2007
En revanche, la volonté des salariés d’agir pour faire réussir l’entreprise reste identique : 53% d’entre eux, soit le même nombre qu’en 2007 « sont tout à fait prêts à aller au-delà des exigences de leur fonction pour aider leur entreprise à réussir. » De même, la propension des salariés à parler positivement de leur entreprise reste quasiment intacte : par exemple, 56% d’entre eux, soit autant qu’en 2007 continuent de « recommander vivement les produits ou services de l’entreprise à leurs amis ou à leurs proches. »

Le nombre de ceux qui pensent que le « niveau de sécurité de l’emploi dans leur entreprise est aussi bon que celui des entreprises de leur secteur » chute de 12% (53% en 2011).
Mais au-delà de ce point particulier, on constate que la satisfaction globale des salariés par rapport à leur entreprise est en baisse de 6 points (58% en 2011), et leur sentiment de fierté vis-à-vis de leur employeur chute de 9 points : ils ne sont plus que 58% à « être fiers de leur entreprise ».
Ils sont cependant 12% de plus qu’en 2007 à croire à la réussite future de leur entreprise (57% en 2011) : au moment où explose le nombre de ceux qui songent sérieusement à quitter leur entreprise, ceci confirme au passage la déconnection que font les salariés entre le futur de leur entreprise et leur propre futur.
Certes, le nombre de ceux qui estiment que « les objectifs et orientations formulés par leur dirigeants sont clairs » passe de 60 à 50%, mais ils sont aussi 5% de plus qu’en 2007 à penser que « cette communication est honnête », et 8% de plus estiment que « leurs dirigeants traitent les problèmes avant qu’ils n’empirent. » Au global, le nombre de ceux qui estiment que leur entreprise est bien gérée augment de 10 points à 47% (54% chez les cadres).

De même, les salariés se sentent eux-mêmes plutôt « mieux gérés » en tant qu’individus : ils sont 44% à estimer avoir assez de contacts avec leur manager direct (soit +15 points par rapport à 2007) et on constate dans ce domaine de sensibles évolutions.
Développement et gestion des carrières : un niveau faible, mais en progrès. Quoique les niveaux de satisfaction en ce domaine restent encore modérés, ils sont 11% de plus qu’en 2007 à estimer que « leur manager les encourage à se former. » 30% de plus jugent que « leur entretien d’appréciation leur a été utile » et 28% de plus ont perçu « une claire différenciation des évaluations selon la performance ».
Les salariés interrogés perçoivent « les efforts de leur entreprise dans le sens du développement et d’une meilleure gestion des carrières » : ils sont 19% de plus à penser que leur entreprise « fait un bon travail pour développer les gens », 40% de plus qu’en 2007 à estimer que l’entreprise « sait retenir ses talents », et 9% de plus jugent que « les promotions vont aux mieux qualifiés ».
Une amélioration relative sur le front de la rétribution.
Ils sont 31% de plus qu’en 2007 à estimer que « la relation entre leur rétribution et leur performance est bonne », et 24% de plus à juger que « leur rétribution est juste, compte tenu de leur niveau global de contribution ». Mais ici aussi, les femmes restent en retrait ; un seul exemple : si 38% des hommes s’estiment rétribuées correctement en regard de leur contribution, 33 % seulement des femmes déclarent la même chose.

Chute de la satisfaction au travail : la perte du sentiment d’accomplissement et d’autonomie.
La satisfaction « dans le job » est, avec la reconnaissance et les opportunités de développement, l’un des principaux leviers de l’engagement des salariés. Ce point passe entre 2007 et 2011 de 72% à 57% de salariés « satisfaits » de leur job. Plus que d’une dégradation, il s’agit d’une véritable chute de 20% !
C’est pourtant sur ce terrain que sont traditionnellement observés les « scores de satisfaction » les plus élevés d’après le cabinet Mercer.
Le nombre de salariés qui estiment « tirer plein parti de leurs capacités dans leur rôle » passe de 85% à 72% (- 15%). De même en ce qui concerne « la flexibilité dans leur travail pour faire ce qu’il faut afin de garantir un bon niveau de service à leurs clients » : de 81% à 60% (- 26%).
La capacité à « prendre les décisions nécessaires dans mon job » passe de 82% à 61% (- 25%).
Le « sentiment d’accomplissement » chute de 71 à 58% (-21%).

« Ces chiffres sont sans précédents à l’échelle d’un pays, et devront être confirmés par la suite. Néanmoins, ils sont à mettre en relation avec les efforts de rigueur et de standardisation que les entreprises ont amplifiés au cours des années récentes et perçus par les salariés. Qu’ils s’agisse des effets de nouvelles législations, de la volonté de maîtriser les risques, de la complexification des structures (matrice, etc.), de l’automatisation partielle ou totale de nombreux processus (financiers, RH, supply chain,…), il est possible de voir dans ces chiffres l’expression d’un besoin d’autonomie, d’initiative ou de flexibilité auquel les entreprises ont désormais plus de mal à répondre », note Eric Sarrazin du Cabinet Mercer.

Nouvelle génération et trace du débat sur les retraites ?
Le nombre de salariés qui estiment compétitifs les avantages sociaux proposés par leur entreprise s’effondre de près de 30% !
La retraite s’est installée comme un point de sensibilité et d’inquiétude (29% de plus qu’en 2007 s’estiment insuffisamment armés).
Cette évolution est sensible pour toutes les catégories de salariés, mais particulièrement pour les plus jeunes. Ainsi :
– Pour 31% des salariés, « les avantages sociaux (Retraite, santé, prévoyance, etc.) sont un point très important dans leur décision de rejoindre une entreprise » : ce point passe à 41% pour les moins de 25 ans
– Pour 36% des salariés, « les avantages sociaux jouent un rôle très important dans la décision de rester dans l’entreprise » (46% pour les moins de 25 ans)
– Enfin, 21% seraient « prêts à abonder de leur propre argents aux avantages fournis par l’entreprise » : ce chiffre passe à 30% pour les moins de 25 ans.

Des résultats qui devraient faire réfléchir pas mal de patrons et de cadres des ressources humaines. Et vous, chers lecteurs, vous vous reconnaissez dans ces résultats ?

Les Commentaires ( 2 )

  1. de Jérôme Manin
    posté le 29 sept 2011

    « La statistique a démontré que la mortalité dans l’armée augmente sensiblement en temps de guerre. » Alphonse Allais

    Seraient-ce là tes états d’âme Erick ?

      Répondre

  2. posté le 29 sept 2011

    Non non, juste quelques éléments pour alimenter la réflexion et qui méritent que l’on s’y attarde. Tout n’est pas si noir, contrairement à ce que les journalistes et autres déclinologues pondent à longueur de temps. Il y a encore du ressort…

      Répondre

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