Université d’été du Medef, acte 4

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15h00, reprise des travaux. Le thème de l’atelier est « Et nous, et nous et nous ? » avec Christophe Barbier, rédacteur en chef de l’Express, Marc Philippe Daubresse, ministre inconnu de la Jeunesse, Serge Papin, le très intéressant président de Système U ou Alain Touraine, sociologue. L’amphi se remplit peu à peu. Il faut dire que le stand Häagen-Dazs, situé en face, ne désemplit pas. On se bouscule, on en veut, c’est gratuit, alors tous les coups sont permis. Et va-t-y pas que je te double par la droite, et la gauche. Les mains se rendent comme si leur vie était en jeu. Scène de famine au Medef ? Non, scène de gourmandise gratuite, dans toute l’acception du terme !

Deux personnes derrière moi me glissent à l’oreille, comme un ordre, « ne vous laissez pas déborder ! » Ca sent la crise, l’impérative obligation, la guerre de tranchée ou alors le sandwich du déjeuner ne passe pas et le dessert (un yaourt bio) pas assez calorique. Du coup, je me laisse déborder, c’est trop bon de se sentir un rebelle au Medef ! Mais il y en aura pour tout le monde, la multinationale est généreuse avec les calories.

L’amphi est plein. On lit le journal en attendant que ça commence. Le Monde est entre toutes les mains. Classique… Certains préfèrent le Figaro Littéraire avec Jean d’O sur trois colonnes, très chic pied nu, chemise blanche et pantalon rouge qui a vécu sans Mir Couleur.

« Un individualiste est celui qui ne pense pas à moi ». C’est par ce bon mot de Sacha Guitry que François Lenglet, rédacteur en chef de La Tribune lance le débat.

Olivier Lajous est Vice-amiral d’escadre et DRH de la Marine Nationale. Il est venu en civil et sans cravate. Sympa. « Il constate, comme tout le monde, la poussée de l’individualisme, mais gardons nous de simplifier les choses. Les jeunes vivent autrement ensemble, dans des contacts souvent dématérialisés, au travers de réseaux dits sociaux. Dans la Marine, il n’y a pas de maillon faible car tout tourne autour de l’esprit d’équipage. Nos équipages sont jeunes et quand ils partent pour plusieurs semaines, équipage rime avec ensemble.

Serge Papin dirige un groupe d’entrepreneurs, Système U, mais constitué en coopérative. Il ressent « un éloignement, et donc une perte de sens, dans le monde économique et politique. Cette distance amène de l’incompréhension, voire un repli, et une crise de la représentation. » Puis, naturellement, on en vient à l’individualisme qui se traduit dans les caddies. « Notre voie est médiane, nous sommes tous propriétaires de nos magasins mais nous sommes aussi engagés, via la coopérative, dans un destin commun. »

Pour Christophe Barbier, la poussée de l’individualisme a changé la politique. « La conquête du pouvoir est de fait un exercice individualiste et la conquête du pouvoir cathodique a poussé à l’extrême l’exercice. »

Ca blablatte. On se croirait à la fac avec des intervenants qui s’écoutent. Une autre forme d’individualisme proche de l’autisme ! Déjà quatre départs…

Marc-Philippe Daubresse fait une bonne intervention sur la jeunesse. Il y a du fond et le sourire béat de son collaborateur, alternant avec une bouche en chemin d’œuf, témoigne que son patron a bien fait le job. Amusant.

Pierre Deschamps est l’ancien patron des entrepreneurs et dirigeants chrétiens. Il parle de fraternité dans un monde individualiste. Il revendique « la liberté, qui me concerne. L’égalité qui ma va si je ne suis pas moins bien traité que les autres. Elle me concerne moi et les autres. Quant à la fraternité, elle est le socle du vivre ensemble. Or cette fraternité est la grande oubliée des discours politiques. Pourquoi, la liberté et l’égalité sont des droits et la fraternité un devoir. La fraternité a-t-elle sa place dans l’entreprise ? Oui. Comme à l’armée, où l’on parle de fraternité d’arme qui contribue à gagner des batailles. Dans l’entreprise, ce n’est pas une affaire de loi ou d’outil, mais de méthode de management et d’exemplarité. »

Le sociologue Alain Touraine note que « l’idée de société est née il y a 300 ans, liant l’économie, la culture… Nous sommes à la fin d’un cycle et la société est finie à cause de l’économie globalisée et de la communication mondialisée. Tout le mécanisme de constitution d’une manière de vivre a éclaté au cours des 20 dernières années et chacun d’entre nous en ramasse un morceau. D’où la montée des communautés identitaires et de l’individualisme. En parallèle, dans les pays riches, 15 à 20% de la société est marginalisée, hors jeu. »

Fin de l’exercice live bloging…

Merci à l’équipe du Medef, et notamment à Frédéric Chevallier, le GO de cette aventure.

Les Commentaires ( 1 )

  1. de Jérôme Manin
    posté le 2 sept 2010

    «Il faut quitter le calme rassurant des utopies et des prophéties, fussent-elles catastrophiques, pour descendre dans le mouvement, déconcertant mais réel, des relations sociales.» Alain Touraine

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