Think big live au Medef

Costumes-cravattes et polos du très chic Vicomte Arthur se mélangent allègrement… Je suis au cœur du campus de Polytechnique, au sud de Paris. Comme d’habitude, l’organisation est au top. Je vous écris de la tente de la pleinière. Un vaste espace pouvant contenir plus de 5 000 personnes. Face à moi, le lac du campus. Et à l’instant où je tape ces lignes, à 13h59, de l’autre côté du lac, le convoi de limousine du Roi Abdallah II de Jordanie passe. Son Altesse est pile poil à l’heure. L’exactitude…

Le Préfet et Laurence Parisot font le pied de grue depuis quelques minutes déjà et les « men in black », à l’oreillette frémissante, sont sur le pied de guerre !

« On se croirait à la rentrée des classes ! », s’exclame Frédéric Chevallier, le GO des blogueurs au Medef. Il faut dire que les « habitués » reprennent leurs marques. Je croise notamment Paul Ohana qui partageait le même pupitre que moi l’année dernière !
La tente (sous laquelle il fait une chaleur de bête !) se remplit lentement. 14h13, le Roi est à l’heure. Pas les patrons… Comme quoi, parfois, la République !

14h16. C’est parti pour le live blogging. Sa Majesté entre aux côtés de Laurence Parisot, très élégante en bleu.
« Voir en grand, ce n’est pas seulement un slogan. C’est une ambition, une volonté, une méthode. C’est reconnaître les gigantesques mutations du monde, c’est regarder, penser, participer à la modernité », démarre Laurence Parisot. « Un jour, Votre Majesté, vous avez dit « I believe in my people », en parlant de votre peuple. En disant cela, vous avez vu en grand ! »

Son Altesse démarre en français. Toujours la politesse… Il est le premier chef d’Etat étranger reçu aux Universités d’Eté. Il poursuit en anglais sur les défis et les opportunités… et notamment sur le pourtour de la Méditerranée. Allusion à peine voilée au grand chantier du chef de l’Etat, l’Union Europe-Méditerranée.

« Plus de la moitié des Jordaniens ont moins de 18 ans et mon pays va les aider à réaliser cet avenir, explique le Roi. Nous allons créer les conditions de l’emploi. Nous avons considérablement investi dans la formation et l’éducation, aux côtés des leaders mondiaux. (…) Le pays qui investit le plus en Jordanie est la France, avec une progression par 10 ces dernières années ! Je vais d’ailleurs signer de nouveaux protocoles sur l’énergie avec le Président Sarkozy, notamment dans le domaine de l’exploitation en uranium. (…) Je souhaite que de nombreuses entreprises françaises nouvelles deviennent de nouveaux partenaires, dans le domaine de l’eau, du tourisme… » Bien entendu, cette stabilité politique du pays doit être vue au regard de la région. « Nous ne pourrons pas avoir de stabilité pérenne sans avoir réglé le problème de la Palestine. »

Les nouvelles mégalopoles françaises

15h15. Je quitte Gérard Collomb à l’instant. Contrairement aux bruits qui courent en ville, il va bien. Il m’a même demandé de vous saluer… Il ne sera pas dit que mon blog n’est pas éclectique ! ;-)

Il intervient dans la table ronde sur les nouvelles mégalopoles françaises. Devant la tente, je croise mon cousin Jérôme Bédier, président de la commission Europe du Medef et patron de la Fédération des Entreprises du Commerce et de la Distribution (le lobbying des grandes surfaces !). En face de lui, Mathieu Ricard, moine boudhiste et porte-parole du Dalaï Lama. Non loin de là, quelques ministres discutent. Passe Frédéric Mitterrand. Rencontres improbables sur le campus du Medef !

15h39. L’atelier démarre. Gérard Collomb a reçu un polo marqué « Voir en grand ». Osera-t-il le porter à La Rochelle où les débats s’annoncent houleux ? Pas sûr. En tous les cas, il sera moins ridicule que Roselyne Bachelot et ses Crocs roses ! (à propos, elle est ici et elle porte des escarpins tout ce qu’il y a de plus classique !)

Christian Blanc, secrétaire d’Etat chargé du développement de la région capitale, a un rêve. Que Paris, la région capitale, soit l’une des quatre capitales mondiales d’ici quelques années. Un rêve ? Pas si sur lorsque l’on voit la capacité de villes à se changer et à progresser. « Alors, oui, il faut rêver ! » Pars peut être une de ces capitales du monde, ville monde, capitale de l’art de vivre dans un monde qui l’oublie, capitale de l’intelligence généreuse et critique, capitale de la connaissance et du respect des autres, capitale de la beauté, capitale où l’on respire un air pur. » Un rêve… And so what ? Pas de réponses mais des promesses : une esquisse générale de la région capitale et de ses modes de gouvernance l’année prochaine. Bon. Tant pis, Paris attendra.

Gérard Collomb rebondit sur le rêve… Pour lui, le fait métropolitain est majeur. Mais la France est en retard… « Lorsque l’on se projette au-delà de nos frontières, la dominante est l’installation du fait urbain dans le monde. Nous sommes aujourd’hui dans un maillage de la planète avec de très grandes agglomérations. En Europe, tous les pays sont en train de pousser leurs grandes métropoles pour pouvoir rayonner davantage. Barcelone réalise le grand Barcelone. Manchester aussi…. (…) En France, il existe un décalage entre la réalité socio-économique des villes et leurs institutions. Le grand Lyon va ainsi bien au-delà de l’institution Grand Lyon. Nous sommes aujourd’hui à la croisée des chemins. Soit on construira des métropoles capables de rayonner en Europe, soit nous aurons une vision franco-française des villes. La loi sur la décentralisation, par exemple, n’a pas parlé des aires urbaines, plaçant le conseil général au centre du système administratif. Le gouvernement a, en la matière, des preuves à faire si nous voulons progresser et être compétitifs. »

Pour Michel Destot, député maire de Grenoble et président de l’association des maires des grandes villes de france « de tout temps, c’est autour des villes que s’est créée la dynamique et les progrès de civilisation », réclamant dans un élan « un acte 3 de la décentralisation pour consacrer les métropoles comme les moteurs de la dynamique. » Une revendication que je partage amplement tant c’est une évidence que le développement de Rhône-Alpes passera par une véritable politique à l’échelon de l’aire urbaine de Lyon !

Roland Castro, trublyon politique et architecte-urbaniste renchérit avec une citation d’Hegel : « L’air de la ville rend libre ! » Pour lui aussi, les aires urbaines sont une évidence ! « Le territoire de l’Europe, post national, s’inscrira dans les grandes métropoles. » Il poursuit, « la question essentielle du Grand Paris reste l’égalité urbaine car construire une métropole solidaire est une innovation dans le monde au même titre que la déclaration universelle des droits de l’homme. La métropole fabrique en effet des pôles d’exclusion de façon quasi mécanique. »

L’enjeu d’un travail métropolitain, « c’est que l’on puisse dessiner un beau quartier, ce que j’appelle le discours muet d’un ensemble, en créant des lieux d’incandescence, de poésie afin de retrouver le plaisir de vivre ensemble. » Un beau programme d’urbanisme. On en revient au rêve de Christian Blanc !

17h19. Une ravissante blogueuse vient de s’asseoir à mes côtés. Elle est de Saint Ouen, candidate aux dernières municipales, elle parle avec talent de la banlieue sur son blog. Son surnom : Zora la rousse. Candidate aux dernières municipales dans le quartier le plus populaire de St Ouen elle tient un blog sous le titre « Chroniques de ma banlieue ». Ménagère, manager citoyenne du 9cube, c’est son slogan. Nous partageons la même prise de macintosh. Sympa. En plus, elle bosse dans la com ! Allez, ne soyez pas jaloux, je resterai sage. ;-) à Elodie !

Les Commentaires ( 10 )

  1. de Michel
    posté le 27 août 2008

    Bravo pour ce live… On s’y croirait !

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  2. de Observateur
    posté le 27 août 2008

    Bon article, intéressant. Encore ! J’ai lu dans le programme qu’il y aurait une table ronde sur les USA, « Still a giant ? ». Merci de nous en faire le compte rendu. J’espère qu’ils parleront de la Russie « Maybe a giant ? »

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  3. de jerome manin
    posté le 27 août 2008

    Nous ne saurons pas comment était habillé Monsieur « de la tente de la pleinière » mais savourons Erick en Zitrone-Berne.

    « Voir en grand » n’est pas « Se voir grand » et le polo ne sera certainement pas exhibé, de plus il y a une certaine parenté avec « grandissons à Lyon », une éventualité à laquelle Gérard Collomb s’est totalement opposé.

    Je ne suis pas au faite de l’histoire de la décentralisation, mais le troisième volet d’un processus qui a fait naître des petits potentats et des roitelets dans un empilement de structures redondantes (dans leurs fonctions et divergentes si ce n’est antagonistes dans leurs réalisations), qui à fait des collectivités territoriales un état dans l’état, ne mérite-t-il pas, au delà de la revendication et de l’élan du moment, une sérieuse réflexion et un état des lieux de l’existant ?

    Enfin une petite cuistrerie malhonnête de ma part, qui consiste à rectifier l’orthographe de Hegel et à placer une de ces citations : « Un individu ne peut pas plus sortir de la substance de son temps qu’il ne peut de sa peau ».

    Merci Erick ;-)

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  4. de Erick Roux de Bezieux
    posté le 27 août 2008

    Merci JM. Il est bien évident que cet empilement devra impérativement être remis en question à la faveur des aires urbaines !
    Mon petit doigt me dit d’ailleurs qu’un sénateur de Rhône-Alpes pourrait recevoir une mission importante en la matière. Encore un peu d’attente !

    Quant à Hegel, j’avais déjà modifié. L’histoire tient parfois à un « u »

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  5. posté le 27 août 2008

    Bravo pour le live, je n’arrive pas à faire aussi bien et merci pour la prise électrique.
    Je suis blogueuse, mais sans double batterie sur mon mac, Erick m’a gentiment dépanné.

    Je vais revenir par chez vous, t sympa votre plume.

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  6. de Marc Aurele
    posté le 27 août 2008

    Cela fait plaisir d’entendre parler enfin de notre maire. Certains semblent amer de ne pas être invité au medef avec force citations plates et masquant une incapacité à penser par eux-même.
    Pauvre france et vive la gauche moderne!

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  7. de jerome manin
    posté le 28 août 2008

    @Marc Aurele client fidèle
    Notre bon maire a montrer toujours avec ses deux uniques atouts que son les vélov et un peu de quai, qu’il pouvait privatiser à l’extrême un service publique en le faisant passer pour du social (Mercii Decaux) et vendre des biens publics (Grolée) pour financer le projet d’un prédécesseur de droite (les quais), il n’en faut pas plus pour en faire un héros de la droite au Medef… Comme les mêmes arguments retournés en feront un héros socialiste dans deux jours à la Rochelle. N’est-elle point délicieusement versatile votre gauche moderne ?

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  8. de jerome manin
    posté le 28 août 2008

    Dans l’insoutenable suspens qui entoure le siège de La Rochelle, Gérard Collomb attendra-t-il que Bertrand Delanoë soit secrétaire du PS pour renier S. Royal et nous dire qu’il a toujours soutenu Delanoë ?
    Ou nous fera-t-il en digne meneur d’un groupe de nageurs en eau trouble synchronisée avec l’ensemble de ses courtisans, une pirouette pour dire qu’il savait tout avant tout le monde ?

    Que n’aurions nous de joies de ne point douter et d’écouter ce qu’il faut penser si nous étions de la gauche moderne…
    Comment peut-on être de la gauche moderne ? Existe-t-il des stages ? Est-ce remboursé par la sécu. ?

    Pas de panique, tout ça c’est de l’humour ;-)

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  9. de Gérard VOLLORY
    posté le 28 août 2008

    Après le « relooking » physique des années 90 ‘lunettes, moustaches », voici venir poindre le relooking politique..

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  10. posté le 28 août 2008

    Oui, pour que nous ayons des villes capitales qui se hissent dans le top mondial. Alors Paris ? Lyon ? Bordeaux ou Marseille ?
    Peut-être n’est-ce pas là l’essentiel. Non. L’important, c’est qu’en France, nous nous positionnons !
    Alors pourquoi pas profiter des temps de crise que nous allons traverser.
    La crise est toujours un moment privilégié pour se remettre en question, pour trouver les solutions que la croissance occulte.
    Lorsque j’étais « patron », je me souviens de moments où je « fabriquais » des crises pour décoincer des situations aux issues bouchées.
    Alors de l’audace, du goût d’investir à contre-temps, de la réflexion sur les « bons et les mauvais » faits par ceux qui nous précèdent dans cette démarche, de l’anticipation dans l’environnement et les solutions (aujourd’hui) durables. De l’imagination, quoi !
    En avant. C’est lorsque la bête passe pour être blessée qu’elle peut devenir dangereuse, agressive…
    A bientôt.
    loic de trigon

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